Plus de pertes d’emplois, un déclin sans précédent, mais raison d’optimisme

Les plus récentes données de l’Enquête sur la population active de Statistique Canada portent sur la semaine du 9 au 15 janvier 2022. Au cours de cette période, la flambée d’Omicron a entraîné une hausse des fermetures d’entreprises et une perte de 200 000 emplois dans l’ensemble de l’économie (selon les données désaisonnalisées; les données non désaisonnalisées indiquent pour leur part une baisse de 484 900 emplois de décembre à janvier[1]).

Les pertes d’emplois dans le secteur du tourisme ont été les plus sévères, dans les régions de l’Ontario et du Québec. Les fermetures forcées ont notamment touché les groupes de jeunes (15 à 24 ans) et de femmes (25 à 54 ans), qui sont des groupes démographiques clés de la main-d’œuvre en tourisme.

L’industrie du tourisme a certes enregistré des gains d’emploi inattendus en novembre 2021, qui se sont maintenus à l’approche des fêtes de fin d’année. Or, l’augmentation du nombre de cas de COVID-19 et les restrictions imposées à cause du variant Omicron vers la fin de décembre 2021 et au début de janvier 2022 ont quand même fait des ravages sur l’emploi dans l’ensemble de l’économie.

Il est normal d’observer une baisse de l’emploi (non désaisonnalisé), mais pas comme la baisse enregistrée au cours du dernier mois, qui est sans précédent. En janvier, l’emploi en tourisme a diminué de 176 000 par rapport au mois précédent, soit une baisse de 10,1 % d’un mois à l’autre. L’emploi total s’établit désormais à 1 567 300, soit une baisse par rapport au nombre de 1 743 300 enregistré le mois précédent.

En janvier, il est également courant d’observer une diminution du taux d’emploi (non désaisonnalisé) pour chaque sous-secteur et pour l’ensemble de l’industrie. Comme mentionné précédemment, le taux de chômage pour l’ensemble des industries canadiennes a augmenté au cours du dernier mois, passant de 5,4 % en décembre à 6,8 % en janvier. Pour l’ensemble de l’économie canadienne, l’emploi (non désaisonnalisé) a ainsi chuté de 484 900 en janvier 2022, ce qui marque la plus forte baisse mensuelle depuis janvier 2021.

Les pertes d’emploi, tant dans le tourisme que dans l’économie en général, sont dues à l’important recul de l’emploi à temps partiel. Dans le secteur du tourisme, l’emploi à temps partiel a reculé de 122 600 (16,5 %), tandis que l’emploi à temps plein a reculé de 53 400 (5,3 %). Il est typique d’observer une baisse de l’emploi en tourisme entre les mois de décembre et de janvier (figure 1). Par exemple, il y a eu une baisse de 9 200 entre décembre 2016 et janvier 2017, une baisse de 22 300 entre décembre 2017 et janvier 2018, et une baisse de 4 600 entre décembre 2018 et janvier 2019. Il serait très inhabituel d’observer des augmentations de l’emploi en tourisme pour cette période, mais les variations extrêmes de l’emploi observées au cours des deux dernières années ont exacerbé les effets de la COVID-19 sur l’économie, tout comme les politiques sociales auxquelles la pandémie a donné lieu.

Figure 1

En janvier 2022, le taux de chômage en tourisme était de 11,9 %, soit plus du double par rapport au nombre enregistré en décembre 2021 (où le taux de chômage dans le tourisme était de 5,2 %). La comparaison d’une année à l’autre met néanmoins en évidence un contexte particulier, car le taux actuel de 11,9 % est sensiblement inférieur au taux de 18,6 % observé en janvier 2021 (figure 2).

Tous les sous-secteurs du tourisme affichent des taux de chômage plus élevés qu’au cours du même mois de l’année précédente.

Figure 2

À l’échelle provinciale, les taux de chômage en tourisme ont varié entre 2,7 % au Manitoba et 18,9 % au Nouveau-Brunswick (figure 3). Les taux de chômage provinciaux (non désaisonnalisés) pour le tourisme dépassaient les taux signalés pour l’ensemble des économies provinciales, sauf à Terre-Neuve-et-Labrador, au Manitoba et en Alberta.

Figure 3

Si l’on examine l’emploi en janvier 2022 dans les différents sous-secteurs touristiques, on note des baisses plus importantes par rapport au mois précédent dans les sous-secteurs de la restauration, des loisirs et des divertissements ainsi que de l’hébergement (figure 4).

L’analyse d’une année à l’autre montre que, par rapport au même mois en 2021, il y a eu une croissance de l’emploi dans les sous-secteurs de l’hébergement, et des loisirs et du divertissement, ainsi qu’une légère hausse dans celui du transport. Néanmoins, chaque sous-secteur a connu une baisse qui se chiffre entre 15 % et 32 % par rapport aux données de janvier 2019 (figure 5).

Figure 4

Figure 5

En ce qui concerne l’avenir, il est important de reconnaître que de novembre à décembre 2021, l’industrie touristique canadienne était en mode de reprise économique et qu’on y a observé des gains positifs dans les principaux indicateurs du marché du travail. Plusieurs provinces sont en train de lever leurs restrictions, et il est fort probable qu’on enregistre de nouveaux gains en matière d’emploi à mesure que les restrictions seront assouplies partout au Canada.  


[1] Les données désaisonnalisées de série chronologique ont été modifiées pour éliminer l’effet des influences des saisons et d’événements au calendrier, comme les pics d’activité économique et les congés mensuels. Cela permet de comparer les conditions économiques d’une période à l’autre et d’un secteur à l’autre en éliminant les variations qui peuvent être la conséquence de changements saisonniers importants, ce qui caractérisent souvent les industries comme celle du tourisme. Les données non désaisonnalisées de série chronologique sont également appelées données « brutes » ou « originales » puisqu’aucun ajustement n’y a été apporté. Pour en savoir plus, veuillez consulter le site de Statistique Canada.

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