Le secteur dans son ensemble est en croissance, mais le secteur associé de l’hébergement continue à être en difficulté
Le secteur du tourisme[1] en avril 2025 était en meilleure position qu’en mars[2], affichant une croissance de la main-d’œuvre et de l’emploi, ainsi qu’une légère baisse du taux de chômage. Le secteur a également progressé par rapport à avril 2024, bien qu’il soit resté légèrement en dessous de son niveau de 2019.
Au cours de la semaine de référence (du 13 au 19 avril), les tensions économiques entre le Canada et les États-Unis n’avaient pas encore eu d’effet substantiel sur la situation de l’emploi dans le secteur touristique canadien. Les indicateurs avancés de Statistique Canada concernant les arrivées internationales au pays suggèrent que le nombre de visiteurs au Canada en provenance des États-Unis diminue légèrement, tandis que les visites canadiennes aux États-Unis diminuent également[3] . Il reste à voir si le tourisme intérieur se renforcera à l’approche de l’été et si certains travailleurs au Canada seront confrontés à des licenciements, et quels effets ces facteurs auront sur l’emploi dans l’ensemble du secteur.


Pour la plupart des secteurs associés au tourisme, la situation était similaire à celle du pays, à l’exception de l’hébergement, qui a enregistré des pertes dans les deux principaux indices et une augmentation du taux de chômage. Comme c’est le cas depuis un certain temps, la fiabilité des données sur les services de voyage reste incertaine.
Le Tableau 1 donne un aperçu de la performance du tourisme et de chacun de ses cinq secteurs associés à travers la main-d’œuvre, l’emploi et le chômage, par rapport à mars 2025 [variation mensuelle] et avril 2024 [variation annuelle], et par rapport à avril 2019 comme base de référence prépandémique. Les petites flèches représentent des changements de moins de 1 %, ou de moins d’un point de pourcentage (pp) dans le cas du chômage.

Pour la plupart des secteurs associés, le mois d’avril a été marqué par une croissance par rapport à mars, ainsi que par rapport à l’année précédente. Seul le secteur de l’hébergement a enregistré une perte d’un mois sur l’autre, bien qu’il soit en meilleure position cette année que l’année précédente. Les variations du chômage ont généralement été inférieures à un point de pourcentage, à quelques exceptions près.
La taille du secteur dans son ensemble était globalement comparable à celle de 2019, même si cela masque bien sûr des variations au niveau des secteurs associés : les secteurs des loisirs et divertissements et des transports ont augmenté leurs bassins de main-d’œuvre, tandis que les autres secteurs associés ont enregistré des pertes. À noter que les données relatives aux services de voyage n’étant pas nécessairement très fiables, ce secteur associé ne sera pas abordé en détail dans le présent rapport, bien que les données déclarées par Statistique Canada soient fournies dans les différents tableaux qui suivent.
Main-d’œuvre dans le secteur du tourisme
La main-d’œuvre touristique[4] en avril 2025 représentait 9,8 % de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne, soit 0,1 point de pourcentage de plus qu’en mars, mais toujours 1,1 point de pourcentage de moins que la part du secteur en 2019. La main-d’œuvre a atteint 102 % de sa taille par rapport à l’année précédente et a retrouvé sa taille d’avant la pandémie. Les tableaux 2a et 2b présentent un résumé de la main-d’œuvre touristique en avril.

Mars 2025 : Variation mensuelle
La main-d’œuvre touristique globale a augmenté de 1,2 % par rapport à mars, avec 26 700 personnes supplémentaires travaillant ou cherchant du travail dans le secteur du tourisme. La plupart des secteurs associés ont enregistré des gains, les loisirs et divertissements ayant enregistré à la fois les gains absolus et les gains relatifs les plus importants, tandis que les gains dans le secteur des transports ont été plus modestes. En revanche, le secteur associé de l’hébergement a enregistré une perte substantielle par rapport au mois précédent, avec environ 13 600 personnes qui ont quitté le bassin d’emploi du secteur.
Avril 2024 : Variation annuelle
Par rapport à avril dernier, le secteur avait ajouté un peu moins de 50 000 personnes à sa main-d’œuvre, soit une hausse de 2,3 %. Une fois de plus, la plupart des secteurs associés étaient en meilleure position, les services de restauration affichant le gain absolu le plus important et les loisirs et divertissements le gain relatif le plus important. Les transports ont enregistré de très légères pertes, moins d’un demi pour cent, et l’hébergement a connu des gains modestes.
Avril 2019 : Situation de référence prépandémique
Au niveau sectoriel, la main-d’œuvre touristique venait de dépasser sa taille de 2019 de près de 3000 personnes (une augmentation de 0,1 %). Toutefois, cette augmentation était presque entièrement attribuable à la croissance des loisirs et divertissements, qui ont ajouté près de 73 000 personnes (+13,4 %). Les transports ont connu une augmentation beaucoup plus faible, tandis que tous les autres secteurs associés sont restés nettement inférieurs à leur niveau prépandémique.

Emploi dans le secteur du tourisme
L’emploi touristique[5] représentait 9,9 % de l’ensemble de l’emploi au Canada, et 9,2 % de la main-d’œuvre canadienne totale travaillait dans un secteur associé au tourisme. Ces deux ratios étaient légèrement supérieurs à ce qu’ils étaient en mars et comparables à ceux de l’an dernier ; la part de l’emploi touristique était supérieure de 0,2 point de pourcentage à ce qu’elle était en avril 2019, mais la part de l’emploi touristique dans la main-d’œuvre totale était inférieure de 1,1 point de pourcentage. Les tableaux 3a et 3b présentent un résumé de l’emploi touristique en avril.

Mars 2024 : Variation mensuelle
L’emploi dans le secteur du tourisme a augmenté d’environ 31 000 personnes par rapport au mois de mars. Cependant, la main-d’œuvre du secteur associé de l’hébergement a inversé la tendance et a perdu près de 15 000 personnes. La plus forte hausse de l’emploi a été observée dans le secteur associé des loisirs et divertissements, qui a ajouté plus de 20 000 personnes à son bassin de travailleurs, tandis que la plus faible hausse absolue a été enregistrée dans le secteur associé des transports, et la plus faible hausse relative dans celui de la restauration.
Avril 2024 : Variation annuelle
Au cours de l’année écoulée, le secteur a enregistré un gain net d’environ 52 000 travailleurs, et tous les secteurs associés ont connu une croissance, avec en tête les services de restauration (qui ont ajouté environ 34 000 personnes à leurs effectifs), suivis par les transports (qui ont ajouté un peu plus de 1000 personnes). Les secteurs des loisirs et divertissements ont enregistré des hausses modérées.
Avril 2019 : Situation de référence prépandémique
Au niveau sectoriel, l’emploi a peu évolué par rapport à 2019, enregistrant une très légère baisse (-0,1 %, soit une perte nette d’environ 2600 travailleurs). Cependant, comme c’est souvent le cas lorsqu’on compare l’état actuel à l’écosystème de la main-d’œuvre touristique d’avant la pandémie, il y avait des différences substantielles entre les secteurs associés. À l’instar de la main-d’œuvre, les loisirs et divertissements ont enregistré des gains importants, les transports des gains beaucoup plus modestes et les autres secteurs associés des pertes considérables.

Emploi à temps partiel par rapport à l’emploi à temps plein
Le rapport entre le travail à temps partiel et le travail à temps plein donne des indications intéressantes sur la stabilité de la main-d’œuvre. Tout au long de la période intense de reprise prépandémique, ce ratio a permis de voir comment les entreprises équilibraient une capacité réduite et un marché du travail tendu. Alors que nous entrons dans une nouvelle période d’incertitude économique – causée cette fois par des frictions commerciales et politiques avec les États-Unis -, cet indice pourrait à nouveau s’avérer utile. La figure 1 donne un aperçu du pourcentage d’emplois à temps partiel dans les secteurs associés, en utilisant la définition de l’emploi à temps plein de Statistique Canada (travailler 30 heures ou plus par semaine).

La figure 1 montre une tendance générale à une légère augmentation de l’emploi à temps plein, le secteur dans son ensemble enregistrant un changement d’environ 1,2 point de pourcentage. Le secteur associé de l’hébergement a connu le changement le plus important, passant d’environ 26 % à environ 19 %, et en avril 2025, les taux d’emploi à temps partiel étaient inférieurs à ceux des mois d’avril précédents. Cela peut marquer le début du pic du printemps et de l’été, ou refléter une main-d’œuvre moins nombreuse et travaillant plus longtemps. Dans la restauration, le taux d’emploi à temps partiel est inchangé par rapport à mars et comparable à celui d’avril 2019. Les loisirs et divertissements ont connu une augmentation de l’emploi à temps partiel, qui s’aligne probablement sur une augmentation des activités de plein air à mesure que le climat s’améliore. Le secteur des transports est lui aussi resté largement inchangé par rapport à mars, mais il a légèrement augmenté par rapport à la période précédant la pandémie. Les services de voyage ont montré une tendance continue à l’augmentation de l’emploi à temps partiel, mais comme pour toutes les données de ce secteur associé, il peut ne pas s’agir d’un instantané précis des conditions d’emploi.
Heures travaillées
Le nombre total d’heures travaillées est un autre indicateur utile pour évaluer la stabilité du marché du travail (voir figure 2), car cet indice peut réagir plus immédiatement aux variations de la contrainte des consommateurs que les seuls chiffres bruts de l’emploi. Comme le ratio temps partiel/temps plein, il peut être particulièrement utile lorsque le secteur navigue dans les eaux agitées de l’été.

Pour la première fois cette année, le nombre d’heures travaillées a été inférieur à ce qu’il était en 2024 : le secteur a enregistré une baisse d’environ 2,3 % au cours de l’année écoulée. La croissance à partir du mois de mars a été tout aussi limitée, avec des gains inférieurs à 1 %. La ligne de tendance générale pour 2025 reste globalement parallèle à celle de 2019.
Au niveau des secteurs associés (voir figure 3), la perspective en glissement annuel montre que les heures travaillées dans l’hébergement ont à nouveau diminué pour la deuxième année, ce qui indique que le secteur associé continue d’être comprimé par les difficultés persistantes en matière de main-d’œuvre. Le nombre total d’heures travaillées a également baissé par rapport à 2024 dans les loisirs et divertissements, d’environ 13 %, bien que le chiffre de 2025 soit équivalent à celui des deux années précédentes et également à celui de 2019, de sorte qu’il est probable que les chiffres de 2024 représentaient un niveau anormalement élevé. Les transports ont également connu une baisse des heures travaillées, mais moins extrême que dans les loisirs et divertissements, et dans le même ordre d’idées, il semble que le total de 2024 ait été plus élevé que ce à quoi l’on aurait pu s’attendre. Les services de restauration ont connu une augmentation du nombre total d’heures travaillées par rapport à l’année dernière d’environ 5,5 %, et bien qu’elle soit restée inférieure aux niveaux de 2019, elle a marqué la poursuite de la croissance du secteur associé.

Chômage
Le taux de chômage[6] dans le secteur du tourisme en avril 2025 était de 6,1 %, légèrement inférieur à la moyenne nationale pour l’ensemble de l’économie (7,0 %, calculée à l’aide de données non désaisonnalisées). Les deux taux de chômage ont légèrement diminué par rapport à mars (-0,1 point de pourcentage pour l’ensemble de l’économie canadienne et -0,3 point de pourcentage pour le tourisme). Le tableau 4 présente un résumé des taux de chômage nationaux dans le secteur du tourisme.

Mars 2025 : Variation mensuelle
Le taux de chômage sectoriel a légèrement baissé par rapport à mars, mais cela n’a pas été le cas pour tous les secteurs associés. Le taux de chômage a augmenté de 1,4 point de pourcentage dans l’hébergement et de 0,4 point de pourcentage dans la restauration. Il a baissé de 0,7 point dans les loisirs et divertissements et de 1,8 point dans les transports. Aucune donnée sur les services de voyage n’était disponible pour le mois d’avril.
Avril 2024, 2019 : Variation annuelle
Par rapport à l’année dernière, les taux de chômage dans l’ensemble du secteur n’étaient pas sensiblement différents, les écarts les plus importants étant observés dans la restauration (-1,3 point de pourcentage) et dans les loisirs et divertissements (+1,3 point de pourcentage). De même, les différences entre avril 2025 et avril 2019 n’étaient pas non plus particulièrement prononcées ; le changement le plus important a été observé dans les Loisirs et divertissements, qui ont ajouté deux points de pourcentage. Toutefois, comme ce secteur associé a connu la résurgence la plus rapide après la pandémie, il n’est pas surprenant de trouver une certaine volatilité dans ces chiffres.
Chômage provincial dans le secteur du tourisme
Au niveau national, le taux de chômage dans le tourisme était inférieur à la moyenne de l’ensemble de l’économie nationale (voir figure 4), une tendance qui ne s’est vérifiée que dans trois provinces : la Colombie-Britannique, l’Alberta et l’Ontario. À l’Île-du-Prince-Édouard et à Terre-Neuve-et-Labrador, les taux de chômage dans le secteur du tourisme ont largement dépassé ceux des grandes économies provinciales, ce qui n’est pas surprenant étant donné que la saison touristique estivale n’avait pas encore commencé. Les taux de chômage touristique étaient les plus élevés à l’Île-du-Prince-Édouard (21,5 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (16,6 %), et les plus faibles en Alberta (5,0 %) et en Colombie-Britannique (5,4 %).

Voir notre Veille sur la main-d’main-d’œuvre en tourisme.
[1] Tel que défini par le Compte satellite du tourisme canadien. Les industries du SCIAN incluses dans le secteur du tourisme sont celles qui cesseraient d’exister ou fonctionneraient à un niveau d’activité considérablement réduit en conséquence directe de l’absence de tourisme.
[2] SOURCE : Enquête sur la population active de Statistique Canada, tableaux personnalisés. Basé sur des données non désaisonnalisées recueillies pour la période du 9 au 15 mars 2025.
[3] SOURCE : Statistique Canada Indicateur avancé des arrivées internationales au Canada, avril 2025.
[4] La main-d’oeuvre comprend le nombre total de personnes ayant déclaré avoir un emploi ou être au chômage (mais à la recherche active d’un emploi). La main-d’oeuvre canadienne totale comprend tous les secteurs de l’économie canadienne, tandis que la main-d’oeuvre touristique ne prend en compte que les personnes travaillant ou cherchant du travail dans le secteur du tourisme.
[5] L’emploi désigne le nombre total de personnes occupant un emploi. L’emploi dans le tourisme se limite au secteur touristique, tandis que l’emploi au Canada englobe tous les secteurs et toutes les industries.
[6] Le chômage est calculé comme la différence entre les estimations non désaisonnalisées de la population active et les estimations non désaisonnalisées de l’emploi. La valeur en pourcentage est calculée par rapport à la population active.