Aperçu du marché du travail dans le secteur du tourisme : mars 2025

Le secteur du tourisme ralentit en mars

En mars 2025, le secteur du tourisme[1] s’est légèrement contracté par rapport au mois précédent[2], tant au niveau de la main-d’œuvre que de l’emploi. Les deux indices étaient plus élevés que l’année dernière (+2,1 % et +3,0 %, respectivement), et environ 1 % plus élevés qu’en mars 2019. Il est peu probable que les effets de l’instabilité géopolitique et économique actuelle aient exercé une grande influence sur ces données, car les droits de douane et les mesures de rétorsion n’étaient pas encore pleinement mis en œuvre au cours de la semaine de collecte des données (du 9 au 15 mars), ou étaient trop récents pour que leurs effets d’entraînement soient perceptibles dans ce type de données. Les prochains mois seront intéressants pour le secteur, mais il y a trop d’éléments en mouvement pour pouvoir faire des prédictions sûres sur ce que nous verrons. Il est peu probable que le tourisme ne soit pas affecté par les changements économiques et sociaux plus importants à venir, mais nous ne savons pas encore quels seront ces effets.

Les variations sont plus marquées au niveau sectoriel, les gains dans l’hébergement et les transports ne compensant que légèrement les pertes dans la restauration et les loisirs et divertissements (et, dans une moindre mesure, dans les services de voyage, bien que la fiabilité des données relatives à ce secteur associé reste incertaine).

Le Tableau 1 donne un aperçu de la performance du tourisme et de chacun de ses cinq secteurs associés à travers la main-d’œuvre, l’emploi et le chômage, par rapport à février 2025 [Variation mensuelle] et mars 2024 [Variation annuelle], et par rapport à mars 2019 comme base de référence avant la pandémie. Les petites flèches représentent des changements de moins de 1 %, ou de moins d’un point de pourcentage (pp) dans le cas du chômage.

Bien qu’il y ait eu une diminution globale par rapport à février, le tableau était plus positif sur une période plus longue, montrant des gains par rapport à l’année dernière et par rapport à mars 2019. L’hébergement et les services de restauration ont connu une croissance au cours des douze derniers mois, ainsi qu’une baisse de leur taux de chômage, tandis que les loisirs et divertissements et les transports ont tiré le secteur vers le haut par rapport aux estimations de référence globales avant la pandémie à partir de mars 2019. Il est encourageant de constater des améliorations sur le marché du travail dans le secteur de l’hébergement, qui a connu sa part de difficultés ces dernières années, mais il est trop tôt pour savoir s’il s’agit de changements à long terme ou si ces tendances sont des fluctuations à court terme.

Main-d’œuvre dans le secteur du tourisme

La main-d’œuvre touristique[3] en mars 2025 représentait 9,7 % de l’ensemble de la main-d’œuvre canadienne, soit une légère variation (-0,1 point de pourcentage) par rapport à février, était comparable à l’année dernière et était inférieur d’un point de pourcentage complet à mars 2019. La main-d’œuvre a atteint 102 % de sa taille il y a 12 mois, et 101 % de sa taille avant la pandémie. Les tableaux 2a et 2b présentent un résumé de la main-d’œuvre touristique au mois de mars.

Février 2025 : Variation mensuelle

En mars, la main-d’œuvre touristique globale a connu une légère baisse par rapport à février, près de 13 000 personnes ayant quitté le bassin de main-d’œuvre. Les pertes les plus importantes ont été observées dans les services de restauration et les loisirs et divertissements, tandis que l’hébergement a vu l’arrivée de plus de 14 000 personnes dans sa main-d’œuvre, et que le secteur des transports a ajouté plus de 8 000 personnes. L’estimation pour les services de voyage, bien qu’elle ne soit pas nécessairement très précise, suggère une diminution légère à modérée d’un mois à l’autre.

Mars 2024 : Variation annuelle

Par rapport à mars dernier, la main-d’œuvre du secteur a augmenté d’un peu plus de 2 %, avec l’arrivée d’environ 44 000 personnes au cours des 12 derniers mois. La plupart des secteurs associés ont accueilli de nouveaux venus, avec en tête la restauration, qui a accueilli plus de 45 000 personnes. Les loisirs et divertissements ont perdu environ 9000 personnes, tandis que les services de voyage ont connu très peu de changements.

Mars 2019 : Situation de référence prépandémique

Au niveau sectoriel, la main-d’œuvre a connu un gain net d’environ 27 000 personnes depuis mars 2019, même si ce chiffre global masque bien sûr d’énormes fluctuations sur cette période. Seuls les transports et les loisirs et divertissements ont connu une croissance au niveau du secteur, l’augmentation des loisirs et divertissements étant particulièrement importante (60 000 personnes, soit une croissance d’environ 11 %). En revanche, le secteur de l’hébergement est resté inférieur d’environ 9 % à son niveau de référence d’avant la pandémie, tout comme les services de voyage (bien que, comme nous l’avons indiqué, ces données ne soient pas nécessairement entièrement fiables).

Emploi dans le secteur du tourisme

L’emploi dans le secteur du tourisme[4] représentait 9,8 % de l’ensemble de l’emploi au Canada, et 9,1 % de la main-d’œuvre canadienne totale travaillait dans un des secteur associés au tourisme. Ces deux chiffres sont inférieurs de 0,1 point de pourcentage à ceux de février. La part de l’emploi touristique dans l’ensemble de l’emploi au Canada était légèrement plus élevée cette année que l’année dernière (+0,1 point de pourcentage), et plus élevée qu’en mars 2019 (+0,2 point de pourcentage). La part de la main-d’œuvre touristique canadienne était comparable à celle de l’an dernier, mais inférieure d’un point de pourcentage complet aux niveaux antérieurs à la pandémie. Les tableaux 3a et 3b présentent un résumé de l’emploi dans le secteur du tourisme au moins de mars.

Février 2024 : Variation mensuelle

Comme pour la main-d’œuvre, l’emploi a diminué en mars par rapport à février, environ 20 000 travailleurs ayant quitté le secteur. La majeure partie de cette perte a été enregistrée dans le secteur des loisirs et divertissements, tandis que l’hébergement a connu une croissance d’environ 8 % (avec l’ajout de près de 11 000 nouveaux employés au cours du mois dernier). La restauration a connu des évolutions modestes et les transports sont restés pratiquement inchangés.

Mars 2024 : Variation annuelle

L’emploi dans le secteur a augmenté de près de 60 000 travailleurs (+3 %) par rapport à l’année dernière. Cet agrégat se compose de fortes hausses dans les secteurs associés de la restauration et de l’hébergement, compensées par des pertes dans les secteurs des loisirs et divertissements et des transports.

Mars 2019 : Situation de référence prépandémique

Le secteur a connu une croissance globale d’environ 1 % par rapport à 2019, conformément aux deux premiers mois de l’année, ce qui suggère que le secteur est globalement revenu aux niveaux d’emploi antérieurs à la COVID. Compte tenu des nombreuses incertitudes politiques, sociales et économiques auxquelles le Canada, l’Amérique du Nord et le monde seront confrontés au cours des prochains mois, il est trop tôt pour dire à quoi ressemblera l’emploi durant l’été. Toutefois, se baser sur 2019 pour faire des comparaisons n’est pas nécessairement la perspective la plus productive pour avancer.

Comme pour la main-d’œuvre, les hausses actuelles sont dues aux transports et aux loisirs et divertissements, tandis que les autres secteurs associés ont enregistré des baisses substantielles ou sont restées plus ou moins stables.

Emploi à temps partiel ou à temps plein

Le rapport entre le travail à temps partiel et le travail à temps plein permet d’estimer la stabilité de la main-d’œuvre et d’identifier les tendances à long terme vers de nouvelles modalités de travail dans un monde en mutation, en particulier dans l’industrie. La figure 1 donne un aperçu du pourcentage d’emplois à temps partiel dans les secteurs associés, en utilisant la définition de l’emploi à temps plein de Statistique Canada (travailler 30 heures ou plus par semaine). Il est trop tôt pour savoir quelles seront les implications à long terme des tensions économiques et politiques actuelles sur la main-d’œuvre, mais le rapport entre le travail à temps partiel et le travail à temps plein peut être l’un des signes précurseurs d’une perturbation systémique dans l’ensemble du secteur.

La part de l’emploi à temps partiel dans le tourisme est restée pratiquement inchangée par rapport à février et comparable à celle observée ces dernières années. Dans le secteur de la restauration, le taux d’emploi à temps partiel est revenu à son niveau habituel d’avant la pandémie, après avoir atteint des niveaux exceptionnellement élevés l’année dernière. Le ratio temps partiel/temps plein dans les loisirs et divertissements a connu une augmentation constante, avec un glissement de 8 points de pourcentage vers le travail à temps partiel à partir de mars 2019. Les transports et l’hébergement ont tous deux connu de légères baisses l’année dernière, mais sont largement revenus aux tendances antérieures, l’hébergement se situant à environ 1 point de pourcentage en dessous de son niveau de 2019, et les transports à un peu plus de 1 point de pourcentage au-dessus. Les services de voyage ont enregistré un bond d’environ 3 points de pourcentage par rapport à février, mais comme indiqué précédemment, les données relatives à ce secteur associés doivent être prises avec une certaine prudence en raison de sa petite taille par rapport aux méthodes d’échantillonnage de l’enquête sur la population active.

Heures travaillées

Le nombre total d’heures travaillées est un autre indicateur utile pour évaluer la stabilité du marché du travail (voir figure 2), car cet indice est probablement plus sensible aux variations à court terme de la demande touristique que les seuls chiffres bruts de l’emploi. Il est plus facile pour les entreprises d’augmenter le nombre d’heures de travail de leurs employés actuels que de redimensionner leur main-d’œuvre, de sorte qu’une augmentation de la demande des clients sera corrélée à une augmentation du nombre d’heures travaillées , en particulier dans les secteurs associés qui dépendent d’une grande partie des travailleurs à temps partiel. Il s’agira probablement d’un autre système d’alerte précoce pour une perturbation à grande échelle du secteur, bien qu’il soit trop tôt dans la série actuelle de changements pour que l’effet soit perceptible.

Les heures travaillées dans le secteur du tourisme en mars ont continué à dépasser le total de l’année dernière, mais sont restées inférieures aux niveaux de 2019. Le parallélisme étroit avec le modèle de 2023 suggère que l’on peut s’attendre à une hausse en avril, mais la volatilité des réalités sociopolitiques de 2025 rend de telles prédictions peu fiables.

Quant aux secteurs associés (voir figure 3), la perspective en glissement annuel montre que les services de restauration ont connu une augmentation substantielle par rapport à l’année dernière (environ +14 %), tandis que les loisirs et divertissements ont connu une diminution substantielle (environ -1 %). Ces chiffres sont conformes aux observations précédentes concernant l’évolution de l’emploi d’une année sur l’autre. La restauration et les transports sont presque revenus aux niveaux d’avant la pandémie, et bien que les loisirs et divertissements aient dépassé ce point de référence l’année dernière, ils sont repassés sous le seuil en mars. L’hébergement a connu une légère baisse du nombre d’heures travaillées par rapport à l’année dernière, mais a globalement poursuivi sa trajectoire de croissance monotone depuis son point le plus bas en 2020. En effet, depuis 2020, la plupart des secteurs ont continué à augmenter le nombre d’heures travaillées, même si cela n’a pas toujours été facile. Les services de voyage ont progressivement diminué leurs heures travaillées à partir de 2023.

Chômage

Le taux de chômage[5] dans le secteur du tourisme en mars 2025 était de 6,4 %, soit environ 0,7 point de pourcentage de moins que la moyenne nationale pour l’ensemble de l’économie (7,1 %, calculée à partir de données non désaisonnalisées) ; les deux taux de chômage ont augmenté d’environ 0,4 point de pourcentage par rapport à février. Le tableau 4 présente une synthèse des taux de chômage nationaux dans le secteur du tourisme.

Février 2025 : Variation mensuelle

En mars, le taux de chômage a légèrement augmenté par rapport à février, parallèlement aux tendances économiques générales. Environ 7700 nouveaux chômeurs ont été recensés dans l’ensemble du secteur, les augmentations les plus importantes étant observées dans les secteurs des loisirs et divertissements et des transports ; ces deux secteurs associés ont vu leur taux de chômage augmenter, de même que les chiffres bruts. En revanche, la restauration a connu une baisse d’environ 12 000 chômeurs, principalement en raison des départs de main-d’œuvre. L’augmentation dans le secteur de l’hébergement est probablement due au fait que la croissance de la main-d’œuvre a été supérieure à celle de l’emploi dans ce secteur associé.

Mars 2024, 2019 : Variation annuelle

En mars, le taux de chômage dans le secteur du tourisme était inférieur à celui de l’année dernière et légèrement supérieur à celui de 2019, mais ces variations sectorielles se situaient toutes à moins d’un point de pourcentage, ce qui indique que le chômage est relativement stable à long terme. La question de savoir si cela reste le cas reste toutefois ouverte, compte tenu de l’incertitude économique à laquelle le pays est confronté. Si le secteur du tourisme peut gagner des travailleurs grâce aux pertes d’emplois dans d’autres secteurs en raison des droits de douane et de leurs conséquences économiques, la capacité du secteur à absorber ces travailleurs dépendra de la demande touristique, qui est également influencée par la conjoncture économique. Nous pouvons nous attendre à ce que les chiffres et les taux de chômage évoluent au cours des prochains mois, mais pas autant qu’au cours de la pandémie.

Chômage provincial dans le secteur du tourisme

Au niveau national agrégé, le taux de chômage dans le secteur du tourisme était inférieur à la moyenne de l’ensemble de l’économie nationale (voir la figure 4), une tendance qui s’est maintenue dans de nombreuses provinces. Comme c’est souvent le cas à cette période de l’année, les provinces de l’Atlantique (à l’exception de la Nouvelle-Écosse) affichaient des taux de chômage élevés dans le secteur du tourisme, dépassant parfois de loin les taux de l’ensemble de l’économie provinciale. En Saskatchewan et au Manitoba, les taux de chômage touristique étaient également plus élevés que ceux de l’ensemble de l’économie. Les taux de chômage du secteur étaient les plus élevés à l’Île-du-Prince-Édouard (19,8 %) et à Terre-Neuve-et-Labrador (12,7 %), et les plus faibles au Québec (5,3 %) et en Alberta (5,7 %).

Voir notre Veille sur la main-d’main-d’œuvre en tourisme.


[1] Tel que défini par le Compte satellite du tourisme canadien. Les industries du SCIAN incluses dans le secteur du tourisme sont celles qui cesseraient d’exister ou fonctionneraient à un niveau d’activité considérablement réduit en conséquence directe de l’absence de tourisme.

[2] SOURCE : Enquête sur la population active de Statistique Canada, tableaux personnalisés. Basé sur des données non désaisonnalisées recueillies pour la période du 9 au 15 mars 2025.

[3] The labour force comprises the total number of individuals who reported being employed or unemployed (but actively looking for work). The total Canadian labour force includes all sectors in the Canadian economy, while the tourism labour force only considers those working in, or looking for work in, the tourism sector.

[4] L’emploi désigne le nombre total de personnes occupant un emploi. L’emploi dans le tourisme se limite au secteur touristique, tandis que l’emploi au Canada englobe tous les secteurs et toutes les industries.

[5] Le chômage est calculé comme la différence entre les estimations non désaisonnalisées de la population active et les estimations non désaisonnalisées de l’emploi. La valeur en pourcentage est calculée par rapport à la population active.

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