Recherche sur l’opinion à l’égard de l’industrie du tourisme comme lieu de travail

Malgré les fluctuations récentes dues à la pandémie de COVID-19, le tourisme au Canada reste un secteur de plusieurs milliards de dollars qui emploie plus de 1,9 million de personnes dans cinq sous-secteurs et qui opère dans des communautés à travers tout le pays. La volatilité persistante du marché de l’emploi dans le secteur du tourisme et les pressions économiques externes ont sans aucun doute incité certains Canadiens à hésiter à entamer (ou à poursuivre) une carrière dans le tourisme, et ont probablement eu un impact sur le caractère attractif du tourisme comme milieu de travail et comme cheminement de carrière.

Une recherche constante est nécessaire pour vraiment comprendre où se situent les Canadiens aujourd’hui en termes d’attitudes et de perceptions à l’égard du travail dans le tourisme, pour ensuite surveiller ces changements au fil du temps, à mesure que l’industrie pivote et se reconstruit au Canada et dans le reste du monde.

RH Tourisme Canada a collaboré avec la firme d’études de marché et d’analyse Léger pour entreprendre cette recherche. Ils ont mené un sondage en ligne sur les perceptions du tourisme comme milieu de travail. Au total, 2 502 résidents canadiens ont participé au sondage en septembre 2023.

Un rapport complet analysant les résultats de cette enquête est maintenant disponible en téléchargement gratuit.

Expérience de travail antérieure et actuelle dans le secteur touristique

La moitié des personnes interrogées ont travaillé à un moment donné dans le secteur du tourisme, tandis que 10 % y travaillent actuellement. La plus grande partie d’entre elles ont de l’expérience dans l’industrie de la restauration. Les personnes travaillant actuellement dans le secteur du tourisme sont plus souvent jeunes (moins de 30 ans), étudiantes et résidentes au Canada depuis moins de 10 ans.

La satisfaction à l’égard du travail dans le secteur du tourisme dépend du sous-secteur dans lequel les personnes ont travaillé. Le sous-secteur des loisirs et du divertissement affiche le taux de satisfaction nette le plus élevé (70 %), tandis que celui de la restauration affiche le taux le plus bas (51 %) – bien qu’il soit intéressant de noter que ce taux est tout de même supérieur à 50 %. La moitié des Canadiens recommanderaient une carrière dans les loisirs et le divertissement, qu’ils aient ou non travaillé dans ces secteurs : parmi ceux qui ont de l’expérience, le taux de recommandation s’élève à 59 %.

Les personnes ont travaillé dans le tourisme pour diverses raisons, la principale raison invoquée étant qu’il s’agissait d’un emploi temporaire et d’été pendant les études et (dans une moindre mesure) pendant la recherche d’autres opportunités d’emploi. D’autres raisons fréquemment invoquées sont la flexibilité des horaires et des quarts de travail, et le fait que le secteur soit bien adapté à la personnalité, aux compétences et aux intérêts de chacun.

La principale raison invoquée pour justifier l’abandon de son emploi dans le secteur du tourisme est que celui-ci ne devait être qu’un emploi temporaire pendant les études, tandis que certains sont partis pour saisir d’autres opportunités de carrière dans un autre secteur. Les préoccupations concernant les salaires et les avantages sociaux non compétitifs dans le secteur du tourisme, ainsi que le manque d’opportunités de progression de carrière, ont également été fréquemment évoquées.

Compétences et de l’expérience acquises en travaillant dans le secteur du tourisme

Plus de quatre Canadiens sur cinq ayant travaillé dans le tourisme à un moment donné ont reçu une forme de formation. La formation en milieu de travail est le type de formation le plus courant, suivi du jumelage et du mentorat. L’accès au matériel pédagogique en ligne et en classe a augmenté dans tous les sous-secteurs au cours de la dernière année, à l’exception des services de restauration. La plupart des Canadiens conviennent que les compétences qu’ils ont acquises grâce au tourisme – en particulier les compétences sociales liées à l’employabilité (compétences dites  » soft « ) – les aideront à réussir leur carrière. La communication, les compétences interpersonnelles, le leadership et l’esprit critique sont parmi les compétences les plus souvent citées comme étant encouragées dans le secteur.

Cependant, les opportunités de promotion ne sont généralement pas considérées comme satisfaisantes dans la plupart des sous-secteurs, bien que celui de l’hébergement et celui des transports ait obtenu un score plus élevé (38 %) que la moyenne de l’industrie (31 %) en ce qui concerne les opportunités de promotion. L’écart entre ceux qui souhaitent accéder à un poste de direction ou d’encadrement et ceux qui se voient proposer une telle promotion s’est réduit par rapport à l’année dernière (de 9 % à 5 %). Néanmoins, le tourisme ne semble pas être une option de carrière à long terme très attrayante : 65 % des personnes qui ont quitté le secteur l’ont fait parce qu’elles estimaient que les opportunités d’évolution de carrière étaient insuffisantes, notamment en ce qui concerne les salaires, les horaires de travail et la saisonnalité, ainsi que le manque d’adéquation avec les compétences et les intérêts.

Perceptions du secteur du tourisme

Le tourisme est largement reconnu comme étant important pour le bien-être économique du Canada (90 %) et des provinces (88 %), et les visiteurs – qu’ils soient internationaux ou nationaux – sont considérés comme ayant un impact positif aux niveaux local, provincial et national.

Du point de vue de l’emploi, bien que les postes en tourisme soient considérés comme offrant des compétences et des expériences importantes, le secteur reste affecté par la saisonnalité, les inquiétudes concernant la stabilité à long terme et le niveau de stress associé aux emplois touristiques. L’impact négatif sur la vie de famille est également considéré comme un sujet de préoccupation. Ceux qui ont travaillé dans le tourisme ont tendance à avoir une vision plus polarisée de l’emploi dans le secteur : ils sont plus enclins à reconnaître que les emplois dans le tourisme offrent une excellente expérience professionnelle et qu’il existe de nombreux postes intéressants, mais ils sont également plus susceptibles de penser que ces emplois sont stressants, que le potentiel de carrière à long terme est limité et que la vie de famille est affectée de manière négative.

La rémunération reste également un sujet de discorde. En 2023, les personnes interrogées sont plus nombreuses qu’en 2022 à estimer que la rémunération est trop faible pour la plupart des emplois touristiques et qu’elle est insuffisante pour garantir un niveau de vie satisfaisant. Cela est sans doute dû en partie aux pressions inflationnistes générales qui s’exercent sur l’ensemble de l’économie, mais le tourisme – en raison de sa perception générale d’un travail mal rémunéré – pourrait en ressentir les effets plus que d’autres secteurs. La plupart des personnes qui ont quitté le tourisme en raison de salaires non compétitifs pensent que les entreprises pourraient se permettre de proposer des salaires plus élevés ou de meilleurs avantages. En outre, de meilleurs salaires et davantage d’incitations encourageraient les Canadiens à travailler pendant les saisons creuses qui leur conviennent le mieux. Un peu plus de la moitié des Canadiens estimeraient qu’un salaire annuel de 55 à 64 000 dollars leur permettrait de subvenir à leurs besoins financiers actuels.

Perspectives stratégiques

Le secteur du tourisme reste confronté à des problèmes de main-d’œuvre, et la perception du secteur en tant que milieu de travail souhaité joue un rôle important dans ces défis. Des efforts créatifs visant à modifier l’image du travail dans le tourisme sont en cours et pourraient faire évoluer les perceptions dans la bonne direction : plusieurs indicateurs clés de l’enquête 2023 suivent une courbe ascendante par rapport à 2022.

Certaines réponses aux questions de l’enquête présentent des différences démographiques importantes. Lorsqu’on examine les mesures incitatives pour travailler pendant les saisons creuses souhaitées, par exemple, on constate une répartition en trois groupes d’âge : les jeunes travailleurs (25-29 ans) seraient davantage convaincus par des offres de travail à l’année et de logement pour les employés (ce qui suggère que les besoins de stabilité de base ne sont actuellement pas satisfaits), les travailleurs d’âge moyen (45-54 ans) seraient davantage convaincus si les salaires étaient plus élevés ou si des avantages supplémentaires étaient offerts (ce qui suggère une focalisation sur des objectifs financiers à plus long terme), tandis que les travailleurs plus âgés (55+) préféreraient tout simplement être en congé pendant ces saisons. Dans le même ordre d’idées, les jeunes sont plus largement attirés par le tourisme en tant qu’emploi temporaire pendant leurs études et apprécient la flexibilité des horaires et des postes de travail ; à l’inverse, les personnes plus âgées sont plus susceptibles de déclarer que le tourisme est bien adapté à leurs compétences, à leurs intérêts et à leur personnalité.

Dans l’ensemble, le tourisme emploie beaucoup de jeunes, beaucoup de personnes nées à l’étranger (qu’elles soient installées depuis longtemps ou qu’elles viennent d’arriver) et beaucoup de personnes qui s’identifient comme autochtones ou comme membres d’une minorité visible. La diversité de la main-d’œuvre touristique est certainement l’une des forces du secteur, mais elle souligne également la nécessité de mener des campagnes de recrutement et de fidélisation plus prudentes et plus ciblées afin de répondre aux pénuries de main-d’œuvre actuelles et anticipées.

Il est impératif que le secteur – et les employeurs qui le composent – reconnaissent que des travailleurs différents sont attirés par des conditions de travail et des incitations différentes, et qu’ils réagiront à des offres d’emploi et à des régimes de rémunération différents. Les personnes d’âges, de sexes et d’identités culturelles différents, et à différents stades de leur vie, sont fondamentalement motivées par des facteurs distincts lorsqu’il s’agit de choisir un emploi.

Le secteur du tourisme est bien placé en ce moment pour se redéfinir comme un secteur qui offre de la flexibilité en fonction des besoins et des ambitions personnels. Au cours des trois dernières années, les entreprises ont été contraintes de modifier leurs pratiques face à de nouvelles réalités opérationnelles et, dans certains cas, de revoir l’intégralité de leur modèle d’entreprise. Parallèlement, la population en général s’oriente de plus en plus positivement vers le secteur, à la fois en tant que moteur économique important et en tant que milieu de travail. Divers efforts de marketing sont en cours pour cibler les demandeurs d’emploi en redéfinissant la nature du travail dans le secteur du tourisme, et de nouveaux projets se profilent à l’horizon pour accroître l’empreinte du tourisme dans les différents domaines de l’éducation. Soutenir ce nouveau discours en combinant (a) des rémunérations totales compétitives et (b) des valeurs d’entreprise qui s’alignent sur celles des demandeurs d’emploi, aidera les employeurs à répondre à leurs besoins en personnel à court terme tout en investissant dans une main-d’œuvre plus durable et plus résiliente pour l’avenir.

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