Malgré les fluctuations récentes dues à la pandémie de COVID-19, le tourisme au Canada reste un secteur économiquement important qui emploie plus de 2 millions de personnes dans cinq sous-secteurs, est présent dans des communautés à travers tout le pays, et a contribué à l’économie canadienne à hauteur de 160 milliards de dollars en 2023. La volatilité persistante du marché de l’emploi dans le secteur du tourisme et les pressions économiques externes ont sans aucun doute incité certains Canadiens à hésiter à entamer (ou à poursuivre) une carrière dans le tourisme, et ont probablement eu un impact sur le caractère attractif du tourisme comme milieu de travail et comme option de carrière.
Le suivi de ces évaluations publiques demeure une priorité pour RH Tourisme Canada, alors que le secteur s’installe dans une nouvelle normalité à la suite de la pandémie, et que les Canadiens s’adaptent à un nouveau rythme de vie. Ce rapport marque la troisième enquête annuelle sur les perceptions de la population générale à l’égard du tourisme, et la dernière de la série actuelle qui a débuté en 2022. RH Tourisme Canada a collaboré avec la firme d’études de marché et d’analyse Léger pour mener à bien cette recherche. Un sondage en ligne a été mené entre 26 août et le 6 septembre 2024 auprès de 2 504 résidents canadiens âgés de 18 ans ou plus, afin de comprendre leurs expériences de travail dans le secteur touristique et leurs perceptions du tourisme comme lieu de travail par rapport à l’économie canadienne.
Un rapport complet analysant les résultats de cette enquête est maintenant disponible en ligne (téléchargement gratuit) :
Expérience de travail antérieure et actuelle dans le secteur touristique
Le tourisme continue d’être une source importante d’emplois au Canada, plus de la moitié des Canadiens (52 %) ayant travaillé dans le secteur à un moment donné et 10 % travaillant actuellement dans le tourisme. La proportion de Canadiens ayant une expérience professionnelle dans le secteur du tourisme reste stable par rapport à 2023, ce qui traduit un changement par rapport à la volatilité des cinq années précédentes.
La plus grande proportion de Canadiens ayant une expérience du tourisme est toujours ancrée dans le sous-secteur de la restauration, deux Canadiens sur cinq (40 %) ayant déjà travaillé dans ce sous-secteur. Parmi ceux qui ont déjà travaillé dans le secteur du tourisme, leur expérience date d’il y a plus de cinq ans. Le taux de rétention et la satisfaction varient d’un sous-secteur à l’autre :
Recrutement (répondants ayant de l’expérience dans le secteur) | Taux de rétention (proportion de personnes travaillant encore par rapport à celles qui ont une expérience passée) | Satisfaction professionnelle | |
Hébergement | 14 % | 13 % | 55 % |
Restauration | 40 % | 10 % | 50 % |
Loisirs et divertissement | 19 % | 15 % | 63 % |
Transport | 11 % | 21 % | 54 % |
Services de voyages | 8% | 15% | 54% |
Les services de restauration ont enregistré le plus fort taux de recrutement (c’est-à-dire que davantage de Canadiens ont acquis une expérience professionnelle dans ce sous-secteur que dans les autres), tandis que les taux de rétention (ceux qui travaillent encore dans un sous-secteur par rapport à tous ceux qui y ont de l’expérience) étaient les plus élevés dans le sous-secteur des transports. La satisfaction professionnelle globale était la plus élevée dans le sous-secteur des loisirs et du divertissement, bien qu’il soit intéressant de noter que le taux de satisfaction professionnelle était d’au moins 50 % pour tous les sous-secteurs. Ces résultats montrent que la satisfaction au travail ne détermine pas entièrement le maintien en poste du personnel, d’autres facteurs exerçant manifestement une influence importante.
Les Canadiens qui travaillent actuellement dans le secteur du tourisme sont plus susceptibles d’être jeunes (moins de 30 ans), nouveaux arrivants au Canada (vivant au Canada depuis moins de 10 ans), membres d’une minorité visible (par exemple, Sud-Asiatique) et de sexe masculin.
Parmi une liste de postes potentiels dans le secteur du tourisme, le poste le plus attrayant pour les Canadiens est celui de réceptionniste d’hôtel, un peu plus de la moitié d’entre eux (51º%) indiquant qu’ils accepteraient cet emploi. Viennent ensuite les agents de voyage (47º%) et les agents de vente et de service des compagnies aériennes (44º%), la majorité d’entre eux exprimant une préférence pour les postes à temps plein et à l’année. À l’inverse, moins de Canadiens sont prêts à accepter des postes de cuisinier (25º%), de préposé au comptoir alimentaire ou d’aide-cuisinier (29º%), ou d’agent de nettoyage léger (30º%).
Principales raisons de rejoindre le secteur du tourisme, de le quitter ou de ne pas y travailler
Les possibilités de travail temporaire, la flexibilité et l’intérêt personnel restent les principaux facteurs d’intégration dans le secteur du tourisme, tandis que les salaires non compétitifs et de meilleures options de carrière restent les principales raisons de quitter ou de pas travailler dans le secteur.
Principales raisons de rejoindre le secteur du tourisme
Les principales raisons d’intégrer le secteur du tourisme sont les possibilités de travail temporaire, par exemple pendant les études (36º%) ou pendant la recherche d’autres options de carrière (23º%), la flexibilité des horaires de travail (25º%) et la comptabilité avec les intérêts et les compétences personnels (23º%).
Principales raisons de quitter le secteur du tourisme
À l’inverse, les personnes qui ont quitté le secteur du tourisme sont plus susceptibles de l’avoir fait en raison d’autres ou de meilleures possibilités de carrière (36º%) ou parce qu’il s’agissait d’un emploi temporaire (34º%). En outre, les salaires non compétitifs (22º%) et les avantages sociaux insuffisants (14º%) ont été des facteurs clés dans leur décision de quitter le secteur. Ces raisons restent cohérentes avec les tendances observées en 2023. Parmi les personnes qui ont quitté le secteur du tourisme en raison de salaires et/ou d’avantages sociaux non concurrentiels, plus des deux tiers (68º%) estiment que les entreprises pourraient se permettre de verser des salaires plus élevés, ce qui reste conforme aux années précédentes. De même, les principales raisons pour lesquelles ceux qui ne considèrent pas le secteur du tourisme comme un choix de carrière attrayant à long terme sont l’absence de salaires concurrentiels (31º%), l’absence de comptabilité avec les intérêts et les compétences (15º%) et d’autres ou de meilleures possibilités de carrière (14º%).
Parmi ceux qui n’ont jamais travaillé dans le secteur du tourisme, les principales raisons de ne pas entrer dans le secteur restent la possibilité d’autres ou de meilleures opportunités de carrière (43º%), le manque d’intérêt pour une carrière dans le tourisme (38º%) et la perception que le tourisme ne correspond pas à leurs compétences et à leurs intérêts (28º%).
Possibilités d'améliorer l'attractivité du secteur et la fidélisation des travailleurs
Pour attirer ceux qui n’ont jamais travaillé dans le secteur du tourisme, les incitatifs financiers tels qu’un salaire plus élevé (39º%), de meilleurs avantages sociaux (31º%), des rabais sur les voyages (30º%) et des avantages liés à l’emploi (27º%) auraient le plus grand impact pour encourager les Canadiens à envisager de travailler dans le secteur du tourisme. La possibilité de visiter de nouveaux endroits et de voyager (25º%) est également un facteur clé qui augmenterait l’attrait, tout comme les emplois à l’année (24º%) et les heures de travail à temps plein (23º%). Toutefois, 32º% de ceux qui n’ont jamais travaillé dans le tourisme affirment qu’aucun de ces avantages ne modifierait leur intérêt à travailler dans le secteur, ce qui reflète une tendance conforme à celle de 2023.
Perception des compétences et de l'expérience acquises en travaillant dans le tourisme
La plupart des personnes qui ont travaillé dans le secteur du tourisme déclarent avoir reçu une formation en cours d’emploi et pensent que celle-ci les a aidées à acquérir des compétences précieuses et transférables.
Formation
Dans l’ensemble, 85º% des personnes qui ont travaillé ou travaillent actuellement dans le secteur du tourisme ont reçu au moins un minimum de formation. Près des deux tiers (64º%) indiquent que la formation sur le lieu de travail a été leur principale forme de formation.
Développement des compétences
Comme en 2023, les deux tiers (67º%) de ceux qui ont travaillé dans le tourisme reconnaissent que les compétences acquises dans le secteur leur ont permis de développer des compétences qui les ont aidés à réussir dans leur carrière. En outre, près des trois quarts (74º%) reconnaissent que leur expérience dans le tourisme leur a permis d’acquérir de précieuses compétences en matière de communication et de relations interpersonnelles. Parmi les autres avantages clés, citons l’acquisition d’expériences mémorables (66º%) ainsi que de compétences en matière de leadership et de pensée critique (58º%). Dans l’ensemble, la plupart des Canadiens qui ont travaillé dans le secteur du tourisme estiment que les emplois liés au tourisme jouent un rôle dans l’acquisition de compétences transférables essentielles à la réussite professionnelle future.
Perceptions du secteur du tourisme
Les Canadiens continuent de reconnaître l’importance du tourisme dans l’économie et ont une perception positive de l’expérience professionnelle et de la variété des emplois qu’offre le secteur. Toutefois, des inquiétudes persistent quant aux perceptions liées aux bas salaires, à l’avancement de carrière limité et au caractère saisonnier du secteur. Si la plupart reconnaissent que les emplois touristiques offrent une expérience précieuse, ils sont moins nombreux à y voir une opportunité de carrière à long terme, notamment ceux qui sont à la recherche de possibilités de promotion.
Perception globale
À l’instar des années précédentes, les Canadiens continuent de reconnaître l’importance du tourisme pour le bien-être économique du Canada (88º%) et de leur province respective (86º%). La plupart des Canadiens conviennent également de l’apport économique que représentent les visiteurs aux niveaux national, provincial et régional, quelle que soit leur origine. Toutefois, par rapport à 2023, ils sont moins nombreux à reconnaître l’impact économique du tourisme international au niveaux canadien (84º% en 2024, en baisse par rapport à 87º% en 2023), ce qui indique une baisse de l’opinion positive qu’ils ont à l’égard des visiteurs internationaux.
Perceptions autour des forces du secteur du tourisme
La plupart des Canadiens continuent de percevoir le secteur du tourisme comme un secteur qui offre une expérience professionnelle précieuse (69º%), qui est intéressant et passionnant (60º%) et qui propose une variété d’emplois intéressants (59º%). En outre, près de la moitié d’entre eux (49º%) estiment que le fait de travailler dans le secteur du tourisme leur permet d’acquérir une expérience utile pour créer une entreprise. Près de deux Canadiens sur cinq (39º%) sont d’accord pour dire que travailler dans le secteur du tourisme offre une excellente occasion de carrière, comme en 2023.
Perceptions autour des défis du secteur du tourisme
Toutefois, le secteur du tourisme reste confronté à certaines perceptions négatives, notamment la faible rémunération, le manque de stabilité à long terme, les possibilités limitées de promotion et de carrière, et les difficultés liées à l’emploi saisonnier.
Avantages financiers et personnels
Les personnes ayant travaillé dans le secteur du tourisme ont exprimé des inquiétudes quant aux avantages financiers liés à ce secteur ; 68º% pensent que la rémunération est faible pour la plupart des emplois dans le secteur du tourisme, et 65º% sont d’accord pour dire que la rémunération de la plupart des emplois dans le secteur du tourisme n’est pas suffisante pour mener une vie satisfaisante, ce qui correspond aux réponses de 2023. En outre, 57º% des répondants estiment que le niveau des avantages sociaux dans le secteur du tourisme est insuffisant. La plupart des Canadiens partagent ce point de vue, 62º% d’entre eux estimant que la rémunération de la plupart des emplois dans le secteur du tourisme est faible, et 57º% estimant que la rémunération rattachée à une majorité des emplois du secteur n’est pas suffisante pour un niveau de vie satisfaisant. Quatre Canadiens sur cinq (80º%) estiment qu’un revenu annuel de plus de 65º000 $ répondrait à leurs besoins financiers actuels.
Opportunités de carrière et de promotion
Travailler dans le secteur du tourisme continue d’être perçu comme une carrière à court terme ; près de deux Canadiens sur cinq (37º%) considèrent qu’il s’agit d’un emploi de courte durée. En outre, moins d’un tiers (31º%) de ceux qui ont déjà travaillé ou qui travaillent actuellement dans le secteur estiment que les possibilités de promotion sont satisfaisantes, un sentiment qui correspond à celui de 2023. Parmi les personnes travaillant dans le secteur, seulement 27º% ont déclaré s’être vu offrir une promotion à un poste de direction ou de supervision, alors que plus d’un tiers (35º%) de ces personnes a exprimé le souhait d’accéder à un tel poste. Cela signifie que seule la moitié environ de ceux qui aspirent à un poste de direction ont pu y accéder. Cela suggère que, malgré l’intérêt pour les promotions de carrière dans le secteur, les possibilités de progresser restent limitées pour beaucoup. De même, moins de 3 Canadiens sur 10 (29º%) estiment que le travail dans le secteur du tourisme offre de bonnes possibilités d’avancement professionnel.
Emploi saisonnier
Si la saisonnalité est largement perçue comme un défi dans le secteur du tourisme, elle semble être un facteur moins déterminant lorsqu’il s’agit de décider de rejoindre ou de quitter l’industrie. Plus de la moitié des Canadiens (54º%) reconnaissent qu’il est difficile de trouver un emploi stable dans le secteur du tourisme en raison de la nature saisonnière du travail. Toutefois, seulement 10º% de ceux qui n’ont jamais travaillé dans le tourisme citent la saisonnalité comme raison de ne pas intégrer le secteur, et seulement 7º% de ceux qui l’ont quitté l’ont fait en raison de difficultés liées à la saisonnalité. En outre, moins d’un tiers (32º%) de ceux qui ont travaillé dans l’industrie du tourisme reconnaissent qu’elle n’offre pas d’emplois tout au long de l’année.
Entre trois et quatre Canadiens sur dix, en général, seraient prêts à travailler dans un emploi qui exige des quarts de travail pendant les jours fériés (38º%), dans un emploi qui n’est disponible que pendant une partie de l’année (33º%), et/ou dans un emploi qui exige couramment des quarts de travail pendant les soirées et les fins de semaine (31º%), conformément à la situation enregistrée en 2023.
Perception des pénuries de main-d'œuvre dans le secteur du tourisme
Dans l’ensemble, plus de la moitié (56º%) des Canadiens croient que le secteur du tourisme sera confronté à une pénurie croissante de main-d’œuvre à l’avenir. Bien que ce sentiment demeure répandu, il s’est considérablement amélioré par rapport aux années précédentes, puisque 65º% des répondants étaient de cet avis en 2023 et 68º% en 2022.
Perspectives stratégiques
Le tourisme reste un moteur essentiel de l’économie canadienne et montre une forte reprise après les effets de la pandémie de COVID-19. Le secteur est presque revenu aux niveaux d’avant la pandémie, la plupart des perceptions et des attitudes étant cohérentes avec celles de 2023, mais il reste des défis à relever pour attirer la main-d’œuvre et retenir les employés. De nombreux Canadiens, y compris ceux qui ont de l’expérience dans l’industrie, considèrent le tourisme principalement comme une option d’emploi à court terme, en grande partie en raison des préoccupations liées aux bas salaires et aux freins par rapport à l’avancement professionnel.
Le secteur doit s’attaquer aux idées reçues sur le travail dans le tourisme et promouvoir l’aspect dynamique, flexible et accueillant des carrières en tourisme. Des ressources telles que « Explorer le tourisme » ont été mises en place afin de présenter les possibilités de carrière à long terme, mais il sera très important de recadrer certaines des caractéristiques des emplois touristiques. Travailler à des heures irrégulières est un aspect négatif de ce qui pourrait également être considéré comme une grande flexibilité offrant des options d’horaires pour répondre aux besoins de chacun. Les emplois de débutant sont également des emplois avec de faibles barrières d’accès et un grand potentiel d’avancement. Une cohésion sectorielle est nécessaire pour faire passer ces messages dans les médias, dans le milieu de l’éducation et à travers le discours public général.
Bien que de nombreuses entreprises continuent de subir des pressions financières, il existe des moyens peu coûteux d’améliorer les offres de rémunération, et d’autres recherches menées par RH Tourisme Canada suggèrent que la culture du milieu de travail a un impact plus immédiat sur la rétention que les seuls salaires. Une collaboration étroite avec les associations sectorielles et d’autres acteurs de l’écosystème touristique local peut aider les opérateurs à présenter l’emploi dans le secteur du tourisme comme un lieu de travail accessible, positif et stimulant.
Il reste encore beaucoup à faire, mais la perception du secteur commence à évoluer dans le bon sens, soutenant la garantie une main-d’œuvre stable, adaptable et résiliente dans le secteur du tourisme au cours des prochaines années.